L’exploitation minière artisanale de l’or est un secteur complexe et diversifié dans une grande partie du monde. Il comprend les mineurs individuels informels qui cherchent un moyen de subsistance, mais aussi les petites entreprises minières règlementaires qui produisent des minéraux à petite échelle.
Au Niger, comme dans de nombreux pays en développement, l’exploitation minière artisanale est une source importante de moyens de subsistance pour des milliers de foyers. Il est courant d’entendre dire « Chercher de l’or est mieux que cultiver du mil » et cela même dans des zones où l’agriculture constitue la principale source de revenus. C’est aussi l’avis de M. Amadou Seyni, orpailleur à Tamou (département de Say) : « Il est vrai que l’agriculture est un héritage de nos grands-parents, mais de nos jours pour survivre, nous devons changer de métier. L’orpaillage me permet de gagner en trois (3) jours ce que je gagnerai en une (1) saison dans l’agriculture ».
En dépit de la rentabilité de cette activité, peu d’orpailleurs respectent la règlementation minière en vigueur notamment la loi n°2022-033 du 05 juillet 2022 portant loi minière nigérienne, particulièrement les dispositions des Articles ci-dessous :
Article 12 : Obligations de se conformer, réattribution et appel d’offres des droits miniers
Article 67 : Droits conférés
Article 68 : Attribution
Article 69 : Validité et renouvellement
Article 150 : Autorisation d’achat, de vente, d’importation et d’exportation
Article 159 : Audit environnemental et social externe de fermeture
Article 189 : Taxe d’exploitation
Article 223 : Activités illicites
L’impact de l’orpaillage sur l’environnement
Outre son caractère généralement informel, l’orpaillage est une source de dégradation environnementale. Cette activité minière artisanale cause un déséquilibre des milieux naturels par la transformation des paysages à travers deux grands procédés miniers : l’extraction du minerai et son traitement chimique. En effet, lors de l’extraction suivie des traitements mécaniques (concassage et broyage), les dépôts de déchets solides constituent une menace pour l’environnement. En ce qui concerne le traitement chimique du minerai de l’or, il y’a le cas des rejets d’effluents liquides engendrés par les attaques chimiques diverses. Il s’agit de procédés essentiellement basés sur la cyanuration (lors du retraitement du minerai) et l’utilisation d’autres produits chimiques très toxiques tel que le mercure. Ces procédés de traitement ont pour conséquences une mauvaise qualité de l’air à travers les émissions de dioxyde de soufre dans l’air et une infiltration plus ou moins importante de cyanure dans les bassins de décantation qui portera inévitablement préjudice à l’environnement et à la santé humaine.
Pourtant l’article 31 de la loi cadre 98-56 DE 1998 relative à la gestion de l’environnement est très explicite sur ce sujet : « Les activités, projets et programmes de développement qui, par l’importance de leurs dimensions ou leurs incidences sur les milieux naturel et humain, peuvent porter atteinte à ces derniers sont soumis à une autorisation préalable du ministre chargé de l’environnement. Cette autorisation est accordée sur la base d’une appréciation des conséquences des activités, du projet ou du programme mises à jour par une étude d’impact sur l’environnement élaborée par le promoteur et agréée par le ministère chargé de l’environnement ».
S’agissant du cas spécifique des orpaillages, cette étude d’impact environnemental est un document simplifié, réalisé par chaque détenteur d’autorisation d’exploitation et de traitement de l’or. Elle a pour objectif, l’analyse des impacts environnementaux liés au procédé de traitement chimique de l’or (mercure et Cyanure) tant sur le milieu biophysique que sur le milieu humain. En clair, l’étude d’impact environnemental est un document de référence pour l’Etat afin de mieux évaluer et maitriser lesdits impacts sans empêcher à la richesse locale de prospérer.
L’Etat nigérien face aux défis du secteur…
Au-delà de l’évaluation, de l’identification ainsi que de la maitrise des impacts environnementaux, l’Etat du Niger doit poursuivre ses efforts pour formaliser le secteur de l’orpaillage dans le sens de protéger à la fois les populations, l’environnement tout en encourageant l’exploitation de la richesse locale. Pour ce faire, le Gouvernement peut intégrer les activités d’exploitation minière artisanale informelle dans un système juridique et économique officiel pour contribuer au développement durable du pays. Le défi est donc de renforcer les cadres juridiques et les mécanismes de réglementation afin de faciliter l’organisation de l’orpaillage, l’accès aux droits de propriété et aux obligations qui en découlent. Dans le même ordre d’idée, l’Etat doit assurer un soutien technique, sécuritaire et logistique à ses agents pour garantir le suivi et le contrôle de l’ensemble des sites d’orpaillages du pays. Il est évident que plus le secteur est informel, plus les orpailleurs seront prédisposés à transgresser les lois environnementales d’où la nécessité de les faire respecter et les adapter aux exigences du contexte.