L’idée de l’indépendance énergétique au Sahel ne date pas d’aujourd’hui…
Le Sahel, de par sa situation géographique, est placé sous les rayons solaires qui balayent constamment la bande sahélienne en rendant l’air plus chaud, plus sec, souvent chargé de fines particules de sable ou de poussière. Il est aussi doté naturellement d’un ciel clair ou très peu nuageux et d’amplitude thermique quotidienne très élevée. Un Sahélien typique n’ignore guère une telle situation climatique !
L’idée de l’indépendance énergétique, principalement l’énergie solaire au Sahel ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été inscrite dans le cahier de charge politique de plusieurs États sahéliens comme la création en 1963 du Laboratoire de l’Energie Solaire (LESO) sous l’impulsion du président Modibo Keita de la République du Mali, ou encore l’Office National de l’Energie Solaire (ONERSOL) du Niger créé en 1965 par le physicien nigérien, Pr Abdou Moumouni Dioffo, devenu aujourd’hui le Centre National d’Energie Solaire (CNES). En outre, dans les années 1970-1980, des séries d’expérimentations des pompes solaires thermiques ont été réalisées au Sénégal.
Cette indépendance ne vise pas seulement l’électrification des villes, mais aussi, pallier à la lutte contre la sécheresse et la désertification dont souffrent les sahéliens depuis les années 70, à la suite de l’épisode de sécheresse sévère qui a affecté une partie du continent africain et a connu son paroxysme en 1973.
Depuis lors, la politique sahélienne se voit obligée de lutter contre la pauvreté, la sécheresse et la désertification en maîtrisant d’abord l’énergie renouvelable. Mais ces mêmes discours politiques, dans lesquels la langue de Molière se vénère, trouvent des festivals réitératifs pendant plus de 30 ans sans changement, de quoi frustrer une société affamée et toujours dans l’obscurité ! On n’exagère pas en qualifiant cet état de fait de paradoxe, mais quels sont les facteurs qui en sont l’origine ?
Aujourd’hui, un désengagement politique face au solaire est bien visible …
Le problème est de prime abord politique. Les dirigeants de ces pays ensoleillés toutes les saisons, des indépendances à nos jours, se focalisent sur les sources d’énergies non renouvelables, héritières du système colonial. Le pire, c’est qu’elles sont le plus souvent mal gérées. Les peuples, de la base au sommet, réduits aux formats consommateurs, n’ont pas eu assez d’initiatives pour exploiter leurs ressources naturelles intarissables telles que le vent et le soleil. Pas de prétexte, le Sahel ne mérite pas son sort actuel ! La situation géographique du Sahel n’est pas synonyme d’obscurité et de sécheresse !
Où se trouve l’intru ?
Qu’est-ce qui n’a pas marché à la pérennisation des expérimentations des pompes solaires thermiques au Sénégal dans les années 1970-1980 ?
Pire encore, quelle finition pour les recherches des chercheurs comme Pr Abdou Moumouni Dioffo dans les années 60 ?
Manque d’engagement politique face à une société qui vit toujours en mode Néandertal ? On ne nie point !
Ce qu’il faut savoir…
En l’absence d’un accès adéquat à l’énergie, ni l’agriculture durable, ni les hôpitaux, ni les écoles par exemple ne peuvent fonctionner adroitement. De même, l’accès à l’eau potable et l’assainissement sont dépendants de l’énergie, tout comme la productivité. Il ne peut donc y avoir de niveau de vie suffisant si l’accès à l’énergie n’est pas assuré.
Le Sahel possède un niveau d’ensoleillement très élevé et intense, avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an et une énergie productible de 5,8 à 7 kWh par m².
Réf : REEGLE, http://www.reegle.info/countries, (Nations Unies, Banque Mondiale)
Il est donc indispensable de comprendre que le Soleil, c’est l’avenir de l’énergie sahélienne. Il y a quelque chose qui ne manque pas au Sahel, c’est bien le soleil. Une énergie propre dans un langage de « tout bénéf » pour un environnement respectueux !
Cependant pour un Sahel émergent, développer le potentiel énergétique solaire s’impose de plus en plus comme une évidence, pas uniquement pour des raisons économiques (radier la pauvreté et la sécheresse, sources de tous maux dans ces zones enclavées) mais aussi pour lutter contre le réchauffement climatique, dont leurs peuples sont de plus en plus exposés et vulnérables aux risques climatiques.
Nous devrons décider…
Aujourd’hui, les Sahéliens devront décider de prendre la maîtrise énergétique en main en toute responsabilité légitime. Comme par exemple, ils peuvent profiter particulièrement des concepts climatiques animés par la Conférence des parties (en anglais Conference of Parties, COP), également appelée Conférence des États signataires qui est l’organe suprême de certaines conventions internationales sur les questions liées au climat. Pour rappel, avant le début des grands rassemblements des COP, chaque État doit envoyer sa « contribution » qui détaille les engagements qu’il est prêt à tenir au cours des prochaines décennies, parfois conditionnés à une aide financière internationale (cas de COP21 Paris). Cependant le but recherché ici, c’est de financer les pays en développement, vulnérables aux risques climatiques, à se doter d’une « stratégie-climat ». Cette stratégie doit conditionner l’équilibre entre l’adaptation et l’atténuation, la définition de mécanismes clairs et performants pour le financement des politiques climatiques de ces pays en développement, en particulier le Sahel. À cet effet, se lancer dans une révolution énergétique à travers le solaire est tout à fait une stratégie-climat très favorable aux zones sahéliennes.
En toute circonstance légale, ils doivent repenser aussi à la manière dont leurs ressources naturelles (notamment Pétrole, Gaz, et Mines) sont exploitées dans des meilleures conditions de développement durable propres à leurs contextes. Cela dit, il faut impérativement plus de transparence sur la manière dont nos pays gèrent durablement les ressources naturelles pour s’assurer que ces ressources puissent apporter non seulement un « coup de pouce » financier aux projets énergétiques, mais aussi et surtout au profit de tous les citoyens sans exception (Voir l’article : https://sahelhumide.com/la-norme-itie-un-autre-outil-pour-la-gestion-durable-de-nos-ressources-naturelles/#comment-13). En d’autres termes, donnons vie à nos projets « d’Energie renouvelable » à travers nos « Energies fossiles ».
Nous sommes tous coupables de notre pauvreté extrême dans un Sahel riche naturellement, mais, la bonne nouvelle, nous sommes un peuple plus jeune, capable d’un Sahel où il fera bon vivre.